Rio Cacheu
Je viendrai à vous
la tête chargée de vos vestiges
je marcherai sur le Rio Cacheu,
à la suite de mes ancêtres
dans le ciel je regarderai fumer encore vos bateaux.
le cœur entravé, traversant le fort Baluarto,
je vous ramènerai sans rancœur,
jusqu’à Lisbonne, Porto, Coïmbre
vivants de leur gloire, Nino Tristao
Joao Teixeira Pinto, Diogo Cao,
Honoris Barreto, ce vendeur de terre aux gaulois
et votre coffre-fort ; je l’ai trouvé abandonné rue Bacampolco
dans le coffre-fort, vos chaines
et cette marmite qui bouillit le ragout à mes pères
je m’assiérai sur une vague et lisant la bible
je dirai merci au curé messager de Dieu
je rendrai grâce à Dieu : ma race d’esclaves
vendus au kilo, a bâti ses cathédrales
a nourri papes et nonces
blanchi tiares et soutanes
ma race d’esclaves, race de besogne
race sans Colère.
sur ma terre d’arachide, plus de vos senteurs
sur ma terre de palmiers et de cajous.
mon pas de Goumbé sans souvenir
mon pas de Siga tourné vers l’aube
demain se lèvera sur mes dents
mes lèvres pétales, mes narines brise.
Canchungo, 28 mai 2016
21h43
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