EBOLA, la saison sèche et les chasses traditionnelles.

3 novembre 2014

EBOLA, la saison sèche et les chasses traditionnelles.

chauve-souris-14 Les pluies de moins en moins tombent dans la région septentrionale de mon pays le Togo. D’ici à la fin du mois de Novembre, l’Harmattan va déployer ses ailes de vent sec et froid. Les herbes vont sécher. Les feux vont ravager des brousses entières et l’envie d’aller chasser prendra les jambes des paysans qui après les moissons, connaîtront quelques mois d’oisiveté. A ces chasses ordinaires s’ajoutent des chasses traditionnelles. Elles s’inscrivent dans un cycle ritualiste de la vie des sociétés traditionnelles. Dans le pays kabyè, ces chasses durent de Janvier à Mars, voire même à Avril et l’apothéose est marquée par une danse parade à laquelle est exhibé le gibier de la dernière chasse. Ce gibier (biches, singes, perdrix, lièvres, agoutis, pintades sauvages, sangliers, phacochères…) finit naturellement dans la cuisine et vient suppléer le déficit de protéines dans l’alimentation des familles paysannes. La fermeture des chasses traditionnelles invite les paysans aux travaux champêtres pour les futures semences.

Seulement voilà, cette année ne se présente pas comme les autres années : le virus Ebola transmis à l’homme par ces produits de la chasse se dresse comme obstacle à ces chasses traditionnelles qui ont marqué nos sociétés. Se dressent également des questions essentielles : pourra-t-on organiser cette année les chasses traditionnelles en pays kabyè ? Au cas où ces chasses seraient organisées, irait-on chasser sans tuer du singe ou de la biche ? Et quand on aurait tué du sanglier ou du lièvre, viendrait-on danser et irait-on jeter le gibier dans une fosse sans le consommer ? Des questions mineures qui méritent quand même d’attirer la responsabilité des autorités traditionnelles et sanitaires et convoquer plus tôt des actions de sensibilisation dans les communautés où la chasse traditionnelle est une pratique séculaire.

Outre les chasses traditionnelles, les battues, les pièges tendus fournissent également du gibier. Les brousses giboyeuses de Notsè, d’Amakpapé, de Tsévié, de Kpalimé seront bientôt envahies pour des provisions en protéines animales pour les fêtes de fin d’années. Plutôt que de dépenser des fortunes pour des béliers, des kilos de viande de bœufs, des poulets et du poisson aux prix exorbitants, les paysans vont préférer aller en brousse tendre des pièges. D’ailleurs ceux qui font la route Lomé –Dapaong se souviennent de ces bonnes femmes qui vous proposent des agoutis, du lièvre, des écureuils et des perdrix au bord de la nationale numéro 1.daim-733383

C’est également un groupe cible sur lequel il faudra travailler. Le dicton ne le répète pas assez : rien ne sert de courir, il faut partir à point. Commencer tôt avant les chasses pour maintenir Ebola loin de nos concessions. La gravité de la fièvre à virus Ebola doit inviter à entreprendre des actions beaucoup plus en amont.

 

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